Mieux consommer

Manger alternatif : bio, local, cueillette, on se dit tout!

Le bio est en plein essort. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les rayons grandir, les enseignes spécialisées ouvrir, les pourcentages croître.

C’est un sujet qui porte à controverse, car le bio ne sera jamais 100% bio vu l’état des terres, gorgées de pesticides, l’état de la pluie qui tombe complètement polluée et un peu radioactive, mais aussi les pollutions provoquées par des champs alentours à ceux bio et qui ne le seraient pas.
Mais si pour moi le bio ne représente pas en soi une fin, il représente un moyen d’élever la voix contre les pratiques d’agriculture actuelle, qui appauvrissent les sols, assèchent les nappes phréatiques, et blessent l’eco-système de façon durable et bien souvent irrémédiable.
L’agriculture biologique est un mouvement qui vient de loin, des années 30 plus précisément, quand un groupe de personnes censées ont tout de suite vu venir l’agrochimie comme un diable qu’il est.
Ils ont donc décidé d’établir des normes agricoles visant à protéger l’environnement, et éviter l’utilisation de produits chimiques dangereux pour la santé.

Il y a peu encore, l’agriculture biologique n’intéressait pas beaucoup de monde, et ceux qui en étaient les fervents défenseurs et pratiquants passaient pour des bouffeurs d’herbe moroses et idéalistes.

Je ne sais pas si on doit accorder son boum récent à la publicité positive à son égard, aux scandales alimentaires, à sa plus grande accessibilité, mais c’est un sujet dont je voulais parler car il me touche beaucoup, pour une raison qui m’est encore inconnue à l’heure actuelle.

J’ai lu beaucoup d’articles sur le fait que oui, le bio c’est mieux, mais c’est cher. Aussi bien en cosmétiques qu’en alimentation.
Dans la pratique, je suis apprentie, j’ai un salaire de 1190€ par mois, un loyer digne de l’ile de france où je vis, des factures. Mais, je consomme à 70% biologique.
Mon copain lui, consomme conventionnel et mange de la viande.
Pour ma part, il m’arrive souvent d’acheter du non biologique quand je suis en courses avec lui chez carrefour, auchan ou leclerc, mais il s’agit d’une partie infime de mes courses. Les légumes sont souvent moches, flétris et hors saison sans parler du fait qu’ils viennent de loin. On ne dispose que de peu de choix, les légumes un peu spéciaux ou oubliés sont rayés de la carte . Quant aux légumineuses et féculents, je préfère les acheter en version biologique en vrac, car mes bocaux de conservation ne sont pas assez contenants pour un kilo ou 500 grammes, portions sous lesquelles ils sont vendus en grande surface. Et puis quel intérêt d’en accumuler autant quand je peux les acheter en vrac selon la quantité dont j’ai besoin? 😉

Mais si manger bio revient plus cher, c’est surtout un choix. Le choix de consommer différemment.
Libre à chacun de le faire ou de ne pas le faire, mais simplement brandir l’argument du prix pour dire que c’est infaisable n’a à mes yeux aucune valeur. J’ai personnellement fait le choix de ne pas donner à des oeuvres caritatives, pourtant, 10€ par mois, je pourrais. Mais je ne le fais pas.
C’est tout à fait le même schéma. C’est un choix. Je ne juge pas les gens qui n’adhèrent pas du tout au bio (tout comme j’espère que personne ne viendra m’insulter parce que je ne donne pas à la croix rouge ou à médecins sans frontières), je peux même très bien le concevoir, mais dans cet ordre d’idée, pas besoin de s’en justifier, grand dieu! Je ne parle même pas de ceux qui n’en ont tout bonnement pas les moyens parce qu’ils galèrent à joindre les deux bouts! Mais nous sommes tout de même une sacrée tripotée à être en mesure de faire ce choix, et je me sens toujours gênée quand on me dit “j’aimerais bien, mais j’ai pas les sous”. Chacun sa vie, ses idéaux, et le mien, c’est d’aller vers une agriculture plus raisonnée. Ca n’engage que moi et je n’ai aucun avis négatif sur ceux qui n’ont pas cet idéal de vie et d’avenir.
J’achète mes végétaux bio pour dire non aux pesticides, et je suis végétarienne pour dire non à l’agriculture intensive, aux abattoirs morbides et à l’idée que les animaux ne sont que de la viande. Oui je pourrais consommer local et respecteux, mais j’ai fait le choix du virage à 90 degrés, qui selon moi marque mieux l’opposition. Encore une fois c’est un choix très personnel qui n’engage absolument que moi. (mémé tape sa gueulante, faut la laisser faire, t’inquiètes pas elle mord pas!)

Je suis végétarienne, je cuisine beaucoup, je n’achète donc pas du tout de plats préparés. Mon frigo est surtout rempli de légumes frais, très peu de surgelés, seulement pour les jours où je serais flemmarde. Je consomme quelques oeufs, biologiques eux aussi (même si j’aimerais mieux trouver un producteur local et qui aime ses poules). Je consomme peu de beurre, de crème, plus globalement de matière animale.
Mes placards débordent de légumineuses, de fruits secs, de graines, et de féculents complets. Leur prix au kilo est souvent dérisoire, sauf peut-être le quinoa, victime de son succès.
Par contre, j’aime m’acheter quelques simili carnés tels que le tofu, qui sont un peu coûteux mais qui ne représentent que 2/3 repas par semaine.
De manière hebdomadaire, je dépense environ 40 à 50 € pour manger. Ca peut paraître énorme pour certains, ridicule pour d’autres. Il faut savoir que pour moi, la nourriture passe avant tout le reste. Je pourrais me priver de tout pour manger ce que j’aime quand j’en ai envie. Evidemment, je n’achète pas certains produits que j’aimerais pourtant intégrer à mon quotidien, comme les purées d’oléagineux, car je préfère attendre de toucher plus de sous.
Mais je tiens à respecter un certain équilibre et manger en quantité suffisante protéines, fibres, glucides et vitamines.

Quand je sens que je dépense trop certaines semaines, il m’arrive de consommer conventionnel. C’est mon levier de sécurité, même si la différence n’est pas si visible que ça.

Mais si consommer biologique est une chose … On peut également choisir d’autres alternatives, plus en accord avec son budget, ses principes, ses envies et sa logique personnelle (et on peut aussi choisir de ne pas consommer du tout alternatif, mais encore une fois, ici on ne parlera pas de cette option là, c’était déjà précisé dans le titre Ginette)! Voici un petit tour d’horizon 🙂

 

Le bio de supermarché 

 et les autres (mais les logos étaient moches)

Pour moi, qui n’ai pas beaucoup de sous et qui veux consommer bio, il s’agirait ici d’une solution.
La vérité, c’est que je ne consomme presque pas de bio dans ces endroits. Les fruits et légumes sont suremballés et on ne choisit pas ce qu’on achète. Et puis derrière des prix si alléchants, on retrouve la logique de productivité et de grapillage. Les producteurs sont mal payés, le plus gros de la marge revient certainement à la grande surface, et l’importation représente un gros morceau du marché, car produire local coûte cher (et ouai ma gueule, le smic c’est mignon mais au pérou, le smic, ça existe pas). Alors si je trouve que c’est tout de même un gros progrès qu’on puisse accéder aussi facilement au bio, que c’est de toute façon du bio tout pareil qu’en magasin spécialisé (labellisation oblige), et bien je n’adhère pas.
Parce que derrière ce bio, il y a surtout l’envie de faire encore du profit, et pas vraiment l’idée de raisonner la production, ni même de donner envie à ceux qui produisent de se raisonner. J’en ai d’ailleurs discuté avec un agriculteur du conventionnel qui disait qu’il serait bien passé bio mais que la pression exercée entre la labellisation et les canaux de distribution, réclamant des prix toujours plus bas l’en a déscincité. Après tout, pourquoi s’embêter à produire bio pour quelques euros de plus?

 

Le bio de magasins spécialisés 

Vous allez peut-être tomber des nues, mais parfois, les prix sont plus avantageux en magasin spécialisé qu’en grande surface. S’agit-il d’une volonté de gratter moins de marge? Aucune idée, mais le fait est que bon nombre de produits y sont moins onéreux.
Bien évidemment, l’offre y est bien plus large, et s’étire sur des gammes de produits introuvables en magasin conventionnel, comme des rayons entiers de simili carnés. Le tofu fumé bjorg est plus cher que le tofu taifun, qui est d’une qualité bien supérieure (goût, texture…). Pour donner une idée.
Les fruits et légumes des magasins spécialisés sont souvent à des prix équivalents, même si pour les choux par exemple, je regrette que les grandes surfaces soient les seules à les vendre coupés en deux (l’overdose m’a tuer). Chose à laquelle on assiste rarement en grande surface, les commerces spécialisés font souvent des remises sur des produits un peu moins frais mais encore largement consommables, de l’ordre de -30 à -50% selon l’état. Comme ça, pas de gâchis!
De plus, en s’y rendant, on profite d’une ambiance tout à fait différente, plus calme, plus sereine, agréable, et de fait, beaucoup plus propice à des achats raisonnés, bien loin des têtes de gondole, de poudre aux yeux et d’achats compulsifs. En plus, on tombe souvent sur des gens qui partagent nos envies et il est très facile de discuter dans ces lieux et d’échanger avec de parfaits inconnus.

Je ne rentrerai pas dans le détail de chaque chaîne de magasin, car il est très difficile d’accéder aux informations sur chacune d’entre elle, mais tous ne se valent pas dans leurs engagements envers un mode de vie plus durable et écologique.

L’important à mon sens est de trouver aussi des produits locaux, car si le bio c’est bien, éviter de faire parcourir la moitié du globe à un kilo de patates alors qu’il y en a dans le champs d’à coté, c’est mieux! Surtout que les producteurs biologiques se cachent un peu partout en France! 🙂
Il faut évidemment savoir faire la part des choses, certains produits tels que l’avocat, les agrumes et les dattes pour ne citer qu’eux, sont presque toujours de l’import, mais pour des raisons assez évidentes d’indisponibilité!
Certains magasins proposent des paniers, c’est le cas dans le magasin Bio’c’bon de Versailles. Pour 10€, un nouveau panier est à découvrir chaque mercredi, avec toujours des fruits, des légumes et une salade! Aucun abonnement requis!

 

Le local 

 

La ruche qui dit oui est un système qui permet aux producteurs locaux de vendre leurs produits dans des points de vente, qui sont généralement des magasins, gymnases …
C’est assez pratique car on passe commande via internet, mais encore une fois, on choisit rarement la quantité, et si ça peut paraître dérisoire pour une famille de 4, pour une végétarienne esseulée, c’est très contraignant. Le frais ne reste pas frais longtemps!
De plus, je trouve les prix assez élevés et beaucoup de produits ne sont pas biologiques (celà dépendra de votre ruche!). Il s’agit simplement d’un circuit court, qui rémunère plus justement le producteur!
Autrement, il est très possible d’aller directement à la ferme, de nombreux endroits sont ouverts au publics et permettent d’acheter directement au producteur, évitant ainsi de passer par des intermédiaires. On rémunère justement le travail du fermier, et on diminue le transport! Malin !
Vous pouvez aussi rejoindre une AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne). C’est un bon compromis pour une famille, un peu plus complexe si vous êtes seuls car il s’agit de paniers payés à l’avance, comme gage de confiance. On signe un contrat qui nous engage auprès du producteur sur une durée déterminée. Encore une fois, toutes les amap sont différentes, n’hésitez pas à faire des recherches!

 

Les cueillettes 

 

Je vous avais d’ores et déjà parlé de mon amour pour la cueillette dans un précédent article.
Si c’est mon mode de consommation préféré, ce n’est pas pour rien. On apprend à consommer en fonction des saisons, car fatalement, on ne trouve pas de fraises dans les champs en octobre, ni de pommes au mois de juin. C’est un bon moyen de se reconnecter au vrai rythme de la vie.
En plus, on en profite pour prendre l’air, pour se balader, savourer la nature environnante …
On ne choisit que ce que l’on veut consommer, on utilise les mêmes barquettes chaque fois. On constate soi même l’empaillage, l’absence de pesticides. On choisit les fruits et légumes selon leur calibre, leur couleur, leur maturité, et surtout, selon ses besoins!
Et ça, ça n’a pas de prix.
Il n’y a aucun usage de tracteur qui pollue, pas de coût de transport, juste toi, dans le champs, qui ramasse ta future nourriture.
Les prix sont généralement très attractifs sur les produits de saison et on s’en donne surtout à coeur joie l’été quand c’est la pleine saison de la récolte. On peut alors envisager de faire des bocaux pour l’hiver, de congeler, dessécher… Comme nos grands-parents!
Le seul inconvénient, c’est que la cueillette ferme pendant l’hiver.
L’endroit où je vais fait partie du réseau chapeau de paille, si vous souhaitez regarder si vous en avez près de chez vous …

 

Le jardin

 

Si cette solution est impossible pour moi, il existe de plus en plus de possibilités dans les villes pour cultiver dans un jardin communautaire ou sur une parcelle à louer. Renseignez-vous auprès de vos mairies ou maisons de quartier! 🙂
Si vous disposez d’un petit bout de terrain, il pourrait vous fournir quelques beaux légumes, à faire rougir ceux des étals!
Et si vous avez des voisins, pourquoi ne pas leur proposer de récupérer une partie de leur récolte en échange d’aide ou de quelques euros? 🙂
Si vous vivez à la campagne, vous avez certainement déjà assisté à des échanges : patates VS tomates ou cerises VS framboises. Ca créé du lien, ça permet d’avoir de tout sans tout cultiver, et ça soude les petits villages!

Alors effectivement, si consommer autrement peut avoir des airs d’idéal inatteignable, n’hésitez pas à réviser vos à priori en comparant les prix de certains produits, et en sélectionnant seulement certaines catégories de produits. J’ai commencé par les oeufs, quand je vois où j’en suis aujourd’hui … 😉
Si ce mode de consommation alternatif vous paraît encore trop cher mais que vous souhaitez changer la donne, il se peut que vous trouviez votre compte dans les fermes près de chez vous, dans les Amap, auprès des ruches, ou bien des cueillettes!

D’ailleurs je suis curieuse de connaître votre avis …

La consommation alternative, ça vous parle, vous y êtes sensibles, habitués, pas du tout intéressés?
Dites moi tout! Et n’hésitez surtout pas à développer votre point de vue!

Des bisous!

Délia ♥

6 Commentaires

  • Je consomme surtout local, chez des producteurs que je connais et dont je sais qu'ils font du "raisonné". Quand mon fils était petit, j'essayais de tout prendre bio, mais quand je voyais les km parcourus par les produits, j'avais des doutes. Il m'est arrivé d'acheter des petits pots pour les jours où je n'avais pas le temps de préparer, entre la tomate bio d'Espagne, l'artichaut bio de Belgique et la tomate bio d'Italie, ça faisait beaucoup de carburant pour un simple petit pot!

    • Tu as de la chance de pouvoir connaître des producteurs :-).
      L'important c'est de rester logique. Après tout la certification biologique est très complexe à obtenir, et certaines obligations sont purement légales, ça n'empêche pas pour autant de faire de bons produits!
      Le petit pot au mazout? 😉

  • Bonjour!

    Manger alternatif, je dit oui. Je consomme bio depuis quelques années et je suis convaincue qu'on peut s'en sortir sans trop dépenser selon son régime alimentaire. Je m'explique: je suis végétarienne, je ne grignote pas, je fais mes biscuits maison ainsi que mes cosmétiques. C'est à dire que j'évite tout ce qui est réellement coûteux dans le bio (4€ le paquet de biscuits bourrés d'huile de palme, ça va pas la tête?!). L'année dernière il m'arrivait de prendre des plats préparés achetés en biocoop mais je me suis vite rendue compte que ça revenait très cher et qu'en plus, j'avais la dalle à la fin du repas…
    J'ai une ferme bio en face de chez moi (qui vend des œufs de ses poules qu'il aime;)) qui pratique des prix tout à fait raisonnables.
    Quant on se cantonne aux produits de base-en vrac tant qu'à faire-, on peut très bien s'en sortir en mangeant bio. Et puis même si j'ai payé 7€ ma bouteille d'huile d'olive, c'est pas grave parce qu'elle va me durer 6 mois et a un goût exquis…
    Après, je suis comme toi, je n'impose pas mes choix à mon entourage. Ben oui, consommer alternatif, c'est être respectueux 🙂

    Bonne journée à toi et merci pour cet article!

    • Coucou!

      Je suis un bébé du bio, une année à mon actif, mais je suis de ton avis, on peut s'en tirer très correctement.
      Cuisiner, même dans le conventionnel, fait économiser énormément!
      Quelle proximité, c'est vraiment une chance :D!
      Je fais aussi ce genre de calculs de durées, surtout pour les ingrédients comme le sirop d'agave par exemple 🙂
      A mon sens, le respect est une base à avoir, surtout quand on a des convictions assez fortes. Si on a réalisé certaines choses, c'est peut-être simplement une question de temps pour les autres? 😉

      Belle journée à toi!

  • Je ne connaissais pas du tout les cueillettes du chapeau de paille, je trouve le concept super intéressant! Et j'ai vu qu'il y en avait une à une demi heure de chez moi (bon après j'ai pas de voiture en ce moment). J'avais regardé pour la ruche, mais en effet sans avoir une famille c'est compliqué niveau quantités 🙂
    Pour le bio de supermarché je rejoins ton avis: dans les magasins spécialisés c'est mieux, mais ça a le mérite de rendre le bio accessible (j'ai commencé par là avant d'aller en magasin spécialisé). Je trouve qu'incorporer petit à petit du bio dans sa liste de courses, et des graines, et du tofu… ça rend la transition toute naturelle ^^

    • J'adooooore ce concept j'en suis même dingue, dès que le temps passe au beau fixe!
      Je suis inscrite dans une ruche mais je n'ai rien acheté!
      Je pense qu'on commence tous un peu comme ça, jusqu'à finir parvraiment s'intéresser au fond de la chose 🙂

Commenter

En publiant ce commentaire, vous autorisez la collecte de vos informations (adresse e mail et IP) qui ne seront utilisés qu'à cette fin précise. Pour plus d'informations sur la collecte de données consultez mes mentions légales.