Mieux consommer

Passer sa cuisine au zéro déchet : starter pack pour accros aux poubelles repentis

Après avoir globalement délimité le périmètre de ce qu’est le zéro déchet dans un premier article (à retrouver ici, et à lire si le concept t’échappe autant qu’une savonnette glissante sous la douche), je crois que le premier sujet qui m’a vraiment parlé a été ma cuisine.
J’ai vite remarqué que les allers-retours à la poubelle commune en bas du bâtiment me gonflaient. Mais surtout me gonflaient bien. En lisant l’ouvrage de la famille zéro déchet, j’ai vite compris qu’en plus de me gonfler psychologiquement d’aller sniffer les odeurs fétides des poubelles de tout mon voisinnage, ça avait un impact certain sur la planète, et donc, forcément, que ça touchait droit dans le coeur de mes convictions.
C’est donc à partir de ça que je me suis demandé comment je pouvais débuter concrètement en matière de zéro déchet.

Mais quand on a l’habitude de faire d’une manière, le plus difficile est de sortir de son propre contexte pour aller identifier les points complètement critiques dans ses pratiques et réaliser que oui, on peut changer.
J’ai récemment eu une conversation avec mon père au sujet du nucléaire, qui s’est terminée plus globalement sur le fait que j’étais trop extrémiste quant à mes actions face à beaucoup de sujets touchant de près ou de loin au consumérisme, à l’écologie et aux produits chimiques nocifs. Je crois que cette vision presque péjorative de mes engagements ne fait que conforter mon besoin d’essayer de faire comprendre que ce n’est pas un sujet banal et qu’il faut que chacun d’entre nous agisse à son échelle, et prenne conscience de son importance/impact, et ce malgré les tentatives ubuesques de toute la société pour nous faire croire qu’il n’y a que des individus et pas de groupe, et donc rien de vraiment bien grave.

Le zéro déchet en cuisine n’est pas une mince affaire, pour tout avouer. Déjà ça paraît ultra compliqué parce qu’il faut s’équiper au départ, et que ça représente un certain investissement. Mais vous vous douterez bien qu’une fois ces investissements réalisés, vous êtres tranquilles, car on privilégie toujours ce qui dure en Zéro déchet ;-). Vos euros sont donc bien placés!

Allons donc causer un peu de ce à quoi ressemble une transition vers une poubelle moins remplie.

 

• Le guide d’achat zéro déchet

 

? Privilégier les produits en vrac

Ca fonctionne pour les denrées sèches mais surtout pour les fruits et légumes. Exit les auchan et compagnie qui te proposent des fruits et légumes plastifiée bio qui viennent du Pérou, il va falloir changer ses habitudes.
Ca ne fera pas mal, ce sera même probablement plus sympa qu’avant!
Le mieux est évidemment d’aller dans les enseignes spécialisées dans le vrac (day by day par exemple, ou certaines biocoop ou naturalias parisiens qui sont très poussés sur le sujet), sinon les magasins bio sont généralement bien achalandés et permettent d’acheter tout ce dont on a quotidiennement besoin.
On peut évidemment penser au marché, très pratique aussi pour faire ses courses zéro déchet à condition de trouver un vendeur cool qui accepte de prendre les sacs à vrac réutilisables pour mettre les produits.
Niveau ambiance on est forcément gagnant : le marché comme les enseignes bio sont beaucoup plus agréables et moins axées sur la surconsommation, ce qui tend à réduire de fait le gaspillage en achetant trop de nourriture ou en achetant des choses dont on n’a pas besoin. C’est vrai ça, qui a besoin d’un lot de 6 paquets de p’tit déj? Une armée ?

 

 

? Sortir couvert (d’emballages réutilisables)

Bon, je ne reviendrai pas sur la nécessité d’avoir toujours sur soi son sac en toile, parce que ça prend zéro place dans son sac à main/dos et que c’est super utile, mais on passe l’étape d’au dessus : le kit de survie de celui qui va faire ses courses en vrac.
Il faut prévoir des sacs en tissu, soit achetés (la plupart des magasins bio s’y sont mis), soit fabriqués maison avec des vieux tissus ou des supers tissus certifiés bio, et de plusieurs tailles. Au départ on n’y pense pas forcément mais voilà, les amandes et les épinards ne prennent pas le même volume.
On peut aussi récupérer des bocaux ou en acheter des plus grands (rares sont ceux qui sont assez grands en récup), faciles aussi à trouver, et on peut s’en procurer pour moins de 5 € l’unité et bien jolis et résistants.
Les boîtes en verre ou plastique avec couvercle sont utiles aussi pour acheter certains produits (que moi je ne consomme pas mais je le précise), comme la viande ou le fromage. J’entends parler pas mal autours de moi de bouchers ou fromagers qui refusent les pesées à même les récipients pour question “d’hygiène”, espérons que le vôtre comprenne si vous vous y fournissez. Ce sera un bon exercice pour expliquer votre démarche de manière positive!
En tout état de cause, je vous conseille quand même, malgré le poids et le fait que ce soit cassable, de favoriser le matériau inerte qu’est le verre. Il se lave très bien, supporte la chaleur et le froid, et n’est pas poreux comme le plastique. En gros, le verre, c’est sain. Et sain, c’est bien, surtout quand ça finit dans notre estomac.

 

• Le guide de conservation

 

? Organiser ses repas

Force est de constater qu’on fait souvent trop de courses, et qu’on ne s’organise pas nécessairement. Je fonctionne pas mal au “coup de coeur” et achète les beaux produits (chose qui risque de se limiter un peu dès que j’aurai commencé les paniers par semaine chez un producteur bio du coin), donc je pratique l’organisation “post courses” : je rentre et imagine des plats avec ce que j’ai pris.
Ca évite notamment de jeter des tomates qui ont commencé à avoir des cheveux dans le fond du bac à légumes!
Pour t’y aider, tu peux utiliser un planning, ou glisser une section dans ton bullet journal pour garder sous le coude tes idées et t’organiser. Pour ma part je ne cuisine pas tous les jours, et surtout pas tous les repas. Le soir, je prends le temps de me faire des grosses portions, que je n’ai plus qu’à réchauffer.
Après il ne me reste plus qu’à aller plonger ma tête dans les poils duveteux de Nova et Aram. Tu croyais pas que j’allais faire un article autre que food sans mettre une photo de chat dedans hein?

 

? Mieux conserver pour moins jeter

Je reviens à la charge avec mes bocaux, mais le truc bien c’est que quand tu achètes en vrac tu n’as souvent pas besoin de vraiment ranger tes courses parce que c’est déjà dans un bocal. Hop, direct au placard 😉 !
Sinon, on transvase dans des bocaux en arrivant, conservé bien à l’abris de la lumière et de la chaleur pour la plupart des produits
Il existe notamment pour les produits qui ont besoin d’être conservés au contact des “bee wrap” : comme du cellophane mais version naturelle, avec de la cire d’abeille. On peut soit les acheter, soit les fabriquer avec de la cire d’abeille et des tissus. C’est une alternative intéressante pour expulser une partie de plus de plastique de nos cuisines.
J’ai eu récemment l’occasion de tester la boîte de la marque airblock qui fait du sous vide. Je dois dire que ce truc là m’a permis de remanger de la salade. Parce que si tu es seul tu sais que manger une salade c’est compliqué et que ça fane vite. Cette boîte m’a déjà gardé une salade dix jours. Referme la bouche que tu as béatement ouverte, oui DIX JOURS.
Alors ouai, tu dois tasser comme un fou dedans pour faire rentrer ta salade, mais ce truc là est génial car il retire l’air grâce à un piston manuel, et donc la cause de la dégradation des produits. Je ne peux que te conseiller d’en avoir quelques unes pour les produits qui se perdent vite (légumes feuille, herbes aromatiques, fruits coupés et plats préparés (et viandes pour ceux qui en consomment)) parce que ça change la vie et ça évite de jeter les denrées fragiles.

Pour celles qui souhaiteraient s’équiper, avec le code “blogdeliacious” vous pouvez bénéficier de 5% de réduction sur tout le site. Et donc remanger de la salade fraîche. Ne me remerciez pas.

 

 

? Revenir aux méthodes de conservation traditionnelles

Papi et mami ont du te montrer le chemin des étagères pleines de bocaux et des congélateurs pleins à craquer à la fin de l’été après une récolte incroyable de mirabelles ou de tomates? Et bien tu seras content de dire à pépé que maintenant tu fais comme lui!
Congeler est une méthode simple pour conserver des produits qui risquent de se perdre. Ca marche pour la majeure partie des légumes, on peut aussi congeler des portions de plats : ça permet d’avoir toujours quelque chose en cas de flemmingite, et ça évite de jeter les restes oubliés.
Pour les fruits, on s’en occupe bien frais, on retire les noyaux et on dépose dans des récipients au congélateur, le mieux est de le faire sur une plaque en premier lieu et de les regrouper ensuite pour éviter qu’ils soient tous agglutinés.
Qui c’est qui va manger une belle tarte aux mirabelles du jardin en décembre? 😉

Pour ce qui est de la mise en bocaux, il existe plusieurs techniques, dont notamment la recette des tomates confites à l’huile d’olive qui me vient de chez Du bio dans mon bento, mais on peut aussi faire des confitures, des soupes, des sauces à la tomate, et fruits au sirop, qu’on conservera bien au chaud. Ca permet de consommer certains produits hors saison, mais aussi et surtout de savoir ce qu’on mange à tout moment, et en évitant d’acheter des produits en conserve ou bocaux du commerce.

Enfin, le séchage est une autre méthode, qui consiste simplement à retirer l’eau des produits pour les rendre plus stables sur le plan de la conservation. Le plus naturel est de le faire au soleil mais il ne faut pas habiter en ile de france haha. Sinon il existe des déshydrateurs qui permettent de faire sécher à peu près tout et n’importe quoi.

 

• Le guide de la fin de vie (ou plus sobrement nommé “poubelle”)

 

? Limiter l’inévitable

On produit forcément des déchets à un moment ou un autre, le but est de limiter la casse.
L’idée est de toujours favoriser les produits emballés dans des contenants dont la pollution soit à la fabrication, soit au recyclable sont minimes. Pour cette raison, on va dont préférer le verre, les boîtes de conserve, le papier, et en dernier lieu et si on n’a pas vraiment le choix, le plastique. Raison pour laquelle d’ailleurs je n’achète pas ma farine au magasin bio mais soit en vrac, soit au supermarché traditionnel plutôt qu’en bio où elle est sous plastique.
J’ai d’ailleurs appris récemment que tous les tétrapacks ne sont pas recyclables, ce qui fait que je regarde maintenant à chaque fois si c’est le cas. En réalité ces emballages complexes, mélange de carton et d’aluminium sont aussi à limiter au mieux, même si ce n’est pas toujours évident de tout supprimer.

? Le tri sélectif ton ami

Je me rends compte que trier n’est pas une mince affaire, et que beaucoup ne savent pas trier surtout.
Combien d’emballages plastiques non recyclables j’ai vu dans les poubelles? Dans mon bâtiment je passerais la journée à rediriger les déchets vers le jetable si je m’y mettais.
S’informer des consignes de tri de sa ville sur le site internet permet de savoir plus précisément ce qui s’y fait ou non (chaque ville a des consignes sur certains types de déchets).
Evidemment, recycler permet de donner une seconde vie à ses déchets, mais l’idée n’est pas de les multiplier pour autant car recycler n’est pas à coût zéro au niveau de l’environnement!
Le plus simple est d’installer un bac spécial à coté de sa poubelle à déchets ménagers.

? Redonner de l’importance à la logique au profit d’un mode de vie plus zéro déchet

On a fini par ne plus vraiment comprendre pourquoi et comment on consomme. Les fraises en Hiver, les orange en été, de quoi en perdre son latin!
S’acheter un petit calendrier perpétuel des saisons de fruits et légumes, ou même le consulter en ligne, en gros, s’informer est un outil très puissantpour redonner du sens à sa consommation.
De toute évidence, consommer local permet de réduire les effets de consommation liés au transport (et c’est pas à négliger), donc on en vient forcément à consommer de saison.
Parce que malgré ce qu’on pourrait penser même en magasin bio : NON les courgettes en décembre, c’est pas normal ou cool, c’est juste nawak. Ca pousse sous serre, ça coûte une blinde d’énergie et ça fait plus de trajet que toi dans une année. Moi ça me rend légèrement jalouse vis à vis des courgettes, du coup je les boude.

 

En gros, tu l’auras compris, mis à part quelques récipients et sacs à vrac, tu as déjà tout ce dont tu as besoin pour te mettre au zéro déchet, et donc commencer dès demain à faire maigrir ta poubelle.
Ca peut paraître grisant par moments, et ça l’est : quand je vais dans une grande surface, je me sens entourée d’un océan plastique très dérangeant car accepté par tous.
La grande vérité, c’est que je suis fière des progrès que j’ai fait et vous savez quoi? Autant je n’ai pas le moindre espoir de rendre le doudou végétarien, autant je crois qu’il accroche beaucoup au zéro déchet et que j’ai créé un monstre.
Il parle même de sensibiliser ses collègues et sa direction sur certaines illogiques malgré les certifications environnementales de son entreprise 😉

Continuez à avancer et plantez des graines de rélfexion autours de vous. Même si on ne changera pas le monde, on pourrait déjà changer les poubelles et ce serait déjà ça de pris!

Je vous fais un bisou, n’hésitez pas à le recycler 😀

Délia ♥ C’est plutôt poubelle verte ou poubelle jaune du coup?

6 Commentaires

  • J'ai installé un lombricomposteur sur mon balcon (en appart au 2è étage), et c'est vraiment top pour limiter les déchets dans la poubelle, puisqu'on y met les parties non mangées des légumes et du carton!

  • Bravo c'est bien, ! ce sont des choses simples à faire et à ma portée ! Nous nous y sommes mis il y a déjà pas mal de temps. J'essaye au maximum de réduire les déchets en en faisant rentrer le moins possible mais ça reste compliqué pour moi sur certaines choses ! je suis loin du bocal de déchets pour l'année comme Béa Johnson !

    • Pareil, mais chaque petit geste reste intéressant en terme de réduction alors je m'accroche 🙂
      C'était très symbolique pour moi de commencer à me rendre dans un supermarché zéro déchet 🙂

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