Humeur

Et puis, finalement, s’aimer comme on est.

Je crois que je ne connais personne qui n’ait pas un seul petit complexe.
Tout au cours de notre vie notre corps change, se transforme, vieillit, subit des dommages, réversibles ou non. Le temps passe et laisse sa trace.

C’est un lieu de bonheur comme de malheur, et aussi une prison ou une porte vers la liberté et l’apaisement.
J’ai déjà vécu les deux situations et c’est de ça que j’avais envie de vous parler aujourd’hui. Parce que c’est tellement difficile et simple en même temps de changer de l’un à l’autre.
L’histoire commence depuis si jeune que j’en ai oublié quand. J’ai toujours été “menue” voire ce que les gens appellent “maigre”.
J’ai même le luxe d’avoir un petit appétit. Du coup tu t’imagineras bien qu’on me sous entend souvent que j’ai un problème avec la nourriture.
Sauf que mon problème venait des autres et de la pression qu’ils me mettaient à ce sujet : j’avais complètement intériorisé leur vision de moi et ça me rongeait. Avant même d’aller dîner chez des personnes inconnues, ma gorge se nouait déjà à l’idée qu’on allait me forcer à manger plus que ce que je voulais, me ridiculiser en me donnant le sentiment de ne pas être capable de manger assez, de ne pas faire honneur aux plats, d’être malade. C’était devenu ma hantise.
J’ai grandi, lentement : mes seins on commencé à décidé de se pointer à la fin du collège alors que des copines remplissaient déjà généreusement leur bonnet B.
Sans parler du fait que mes règles ont aussi attendu cette période là pour arriver, signant la fin de mon isolation dans la compréhension de la vie d’une jeune fille, et mon droit à écrire “indisposée” sur mon carnet de liaison pour éviter la piscine (j’ai bien rattrapé tout le temps perdu à ce sujet par la suite en étant indisposée plus souvent que mes cycles me le permettaient, rapport à ma maigreur qui faisait rire mes camarades de classe).
Le lycée m’a permis de m’ouvrir comme une fleur. D’un bourgeon mal assuré j’ai commencé à chatoyer de mille couleurs et affirmer ce qui avait toujours été là : mon caractère et mes goûts un peu spéciaux. Je ne regardais pas les moules à disposition pour rentrer dedans, je préférais faire moi-même mon moule.
J’ai commencé à essuyer des critiques, mais j’avais des supers copines qui aimaient chez moi ce que je voyais comme être ce qui m’écartait des autres auparavant. Elles avaient transformé mes défauts en une qualité.
Alors j’ai pris confiance. Assez pour commencer à avoir mon premier petit copain.
Ce ne fut pas le dernier, mais il m’avait montré la voix pour apprendre à aimer aussi mon corps.
Et c’est dans les yeux de ceux qui m’ont vraiment aimée ou détestée que j’ai construit mon regard bienveillant envers moi.
Sur chaque critique, j’érigeais les raisons qui faisaient que je devais ignorer ces méchancetés. Que le corps n’est finalement rien d’autre qu’un outil de présentation.En profitant pleinement de relations amoureuses et amicales parfois brèves, j’ai appris que je n’étais ni plus ni moins que les autres : une personne qu’on peut aimer ou non, mais quelqu’un qui a le droit de vivre pleinement et sans contrainte.
J’ai encore perdu derrière moi des petits morceaux de désamour résiduels d’un autre époque, celle où j’avais aussi une certaine pression du coté du cocon familial.Et doudou est arrivé. Il me regardait avec des yeux si doux et si amoureux qu’il m’a fait peur.
Et puis je l’aimais bien ce gars avec les cheveux en bataille et son petit grain de beauté au coin des lèvres, qui étaient souvent retroussées et fendues d’un large sourire sincère.
Doudou est tellement simple que ça en devient compliqué de l’être avec autant de constance. C’est devenu ma valeur refuge.
Il n’est pas bon pour me réconforter quand je vais mal, parce qu’il est rarement malheureux lui-même, mais il a signé définitivement le fait que je n’avais à rougir de rien de ce que j’étais.
Dans ses bras, je suis aussi simple que lui : une personne avec des qualités et des défauts, avec un coeur qui bât, des passions, de l’amour à donner et des besoins.Accepter son corps

Il m’a aidée à passer derrière la porte que j’avais ouverte depuis quelques années : celle de l’acceptation de soi.
Et vous savez quoi? Ca fait un bien fou.
Débarrasée du poids de mon apparence, je suis redevenue moi encore et encore, à l’infini, toujours plus haut, toujours plus fort.
Si on ne ressemble qu’à ce qu’on est, on peut décider de tout le reste. Et je n’ai pas décidé de ne rien oser par peur de recevoir un peu de négatif.
Tout sera toujours critiqué.
Nous ne sommes faits finalement que de nos actes, de nos choix et de nos désirs. C’est bien ça le plus important.Quand on accepte pleinement ce qu’on est physiquement, qu’on se détache du jugement qui peut nous être porté, qu’on se sent léger comme une plume, on s’envole aisément vers la joie, les projets et les choix bienveillants et enrichissants.
J’espère que chacun d’entre vous trouvera la clé vers l’acceptation de soi, c’est le truc le plus libérateur du monde. Bien sûr, trouver une personne qui nous ouvre les yeux peut être un point important, mais il faut savoir ensuite apprendre à garder ce regard bienveillant sur soi, ne pas le faire résider dans les yeux des autres si vous préférez.
Ne déprendre de personne, c’est ça la finalité.
Quand on s’aime soi, on a ensuite beaucoup plus d’amour à donner aux autres et on ne s’encombre plus de broutilles comme la rancoeur, la jalousie, ou les regrets.
La vie une fois dépouillée de sa propre haine envers soi vaut beaucoup plus le coup d’être vécue et semble beaucoup plus courte. On se lance des projets fous, on avance droit devant, on sourit, on devient beaucoup plus beau du dedans et du dehors, parce qu’on renvoie quelque chose de serein, c’est une vraie force.Je vous embrasse, et vous souhaite de vous débarrasser de ce poids.

Délia ♥ Bien dans ses baskets (vegan)

10 Commentaires

  • Très bel article ! ❤ Je suis totalement d’accord, lorsqu’on accepte son corps, et soi-même globalement, c’est une libération – je trouve aussi que les jugements des autres nous atteignent moins, puisqu’au fond on sait que nous on s’accepte et on s’aime.

  • Merci pour ce partage. J’ai accepté mon corps presque totalement (j’ai des mini rechute de temps en temps) récemment. Malgré l’amour de mon chéri, aujourd’hui mari, ma reconstruction a été lente. Elle est passée par une perte de poids, mais surtout depuis deux ans par le sport. Je ne suis pas mince, mais la pole dance m’a réconciliée. Je suis fière de mon corps aujourd’hui et de ce qu’il arrive à accomplir (même si je progresse lentement).

    • Dans les coups de mou on a tous des rechutes, l’important c’est la moyenne globale 😉 !
      On a tous notre méthode pour s’approprier nos complexes et les taire, j’avoue que la pole dance m’a toujours intriguée, ça a l’air super comme sport!
      Pour ce qui est de la progression, visiblement c’est pas le plus important ici 🙂

  • Salut !
    Tu es magnifique vraiment ! Moi j’aurai jamais osé.
    C’est assez difficile le rapport au corps. Que ce soit au niveau du poids, de l’apparence, de l’alimentation et j’en passe. Ceci dit, moi le yoga m’a beaucoup aidé à accepter qui je suis. A connaître mon corps aussi parce que je me suis rendue compte que je le connaissais pas du tout. J’apprends petit à petit à me défaire du regard des autres, à lâcher prise. Et chose assez inimaginable il m’arrive de me trouver belle. De plus en plus. D’aimer ce que je vois dans le miroir, dans ma tête aussi. Ce qui me surprend toujours c’est parfois l’effet que je fais. Ça, ça me gène encore un peu.
    Alors, merci de cet article rempli d’amour, de connaissance et d’acceptation de soi.

    Amandine ( de l’Ile de la Réunion 🙂 )

    • Amandiiiiinnne! J’espère que tu vas bien!
      Baah un peu de mise en scène ne fait pas de mal au quotidien va :p !
      Je pense que la confiance en soi ça se sent, ça rend beau! C’est plus enviable qu’un joli nez au milieu de la frimousse 😉 !
      Un gros bisou à toi !

      • Oulà, je suis un peu en retard !
        Je vais bien merci à toi !
        Dis-moi, tu as une adresse mail que tu consultes assez souvent et où je pourrai t’écrire. Je ne sais plus si tu t’en souviens mais je t’avais parlé de mon rêve qui va bientôt se concrétiser. Et, j’aimerai si ça t’intéresse te l’envoyer pour que tu le lises et que tu en parles si tu le désires.
        J’attends de tes nouvelles. Merci d’avance.

        Amandine

  • Quel joli texte et tes photos sont magnifiques ! Je ne le lis que maintenant (tu publies tellement que je dois me faire des sessions de lecture-rattrapage : ça fait un peu “binge watching” de séries mais en version Déliacious 😁 Manque plus que le pop-corn !).
    J’ai connu des hauts et bas aussi, comme tout le monde je crois.
    J’ai déjà eu la réflexion “t’es toute maigre, tu manges correctement ?” (de la part d’une femme qui devait faire 2-3 tailles de moins que moi : gros LOL) et le pire c’est ce besoin (ou sentiment d’obligation) de répondre et de se justifier… Je ne le ferais plus désormais.
    Je crois que le pire c’est ce Monsieur à l’arrêt de bus (que je ne connaissais pas du tout) qui me donnait des conseils contre mon acné… (“il faut boire beaucoup d’eau” : ahah bah va faire fortune avec ta trouvaille alors car si ça marche tu deviens milliardaire !).

    J’ai aussi la chance d’être avec quelqu’un qui se contre-fiche de ce à quoi je ressemble (boutons/pas boutons, poils/pas poils, maquillage/pas maquillage, chaussures vernis ou à paillettes ou pas…) et c’est trop bien ! J’ai déjà eu des réflexions de type “tu devrais faire ça” ou “les filles font comme ça” de la part de garçons et c’est vraiment dévastateur, surtout quand ton estime de soi est faible !

    • Haha, bah tu vois, vu ce que j’ai publié en deux semaines t’as finalement pas eu grand chose à rattraper haha.
      J’aime quand même l’idée du binge watching, surtout du popcorn!
      Le problème réside vraiment dans ces “avis” qu’on a jamais demandé et qui finissent par pourrir la vie. C’est d’ailleurs toujours fou de voir qu’il y a des trucs qu’on commente et d’autres qu’on laisse de coté, parce que “attend ça se fait pas de dire ça ça pourrait blesser”. Si les gens pouvaient comprendre qu’un jugement sur le physique a toujours un impact …
      Pour ma part j’ai toujours fait à contre courant, parce que je n’ai jamais réussi à faire contre mon envie, mais par contre, je n’ai pas toujours assumé les conséquences de cette liberté. Seulement récemment j’ai osé me trimballer les jambes poilues par exemple, et je suis prête à envoyer chier ceux qui auraient envie de commenter ça. Pas évident de se construire!

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