Chaque année, je dois vous dire un truc du genre “j’essaye de réfléchir à quelque chose d’original” et ce pour environ tous les trucs qui reviennent de manière annuelle.
D’habitude j’ai toujours du retard pour vous les partager, mais cette année, force est de constater que j’ai enfin pris le pli de la galette qui arrive trop vite, la chandeleur puis mardi gras. On ne dirait pas comme ça mais il faut du temps pour se faire à ce calendrier éditorial effréné après une période de fin d’année déjà bien intense et où je me retrouve inexorablement dans le jus alors que je commence à m’y atteler très tôt.
Aujourd’hui, c’est avec une petite fierté que je vous propose cette recette qui m’a percutée d’un coup au milieu de rien, et qu’elle ne m’a pas lâchée : des beignets façon cinnamon rolls.
On est d’accord que les cinnamon rolls n’ont pas vraiment besoin de ça pour être gourmands, mais je n’ai pas pu m’empêcher de les faire frire pour voir. Et ben ça déboite.
Ma pâte à beignets sans oeufs
Depuis quelques années, j’étais restée sur ma pâte à donuts, que je trouvais très facile à faire et eu contraignante.
Ceci étant, ça donnait une pâte qui aurait pu être plus moelleuse, mais également qui séchait très vite ensuite.
Comme pour la brioche, qui est une pâte levée et donc pareillement un peu capricieuse, le retrait des œufs perturbe l’humidité contenue dans la pâte, tout comme l’absence de beurre rend les choses un peu différentes. J’en parle plus largement dans mon ebook de pâtisserie vegan si jamais ça vous intéresse !
J’ai choisi d’ajouter un peu de yaourt de soja dans la pâte de cette fournée de beignets, et c’était vraiment pour le meilleur car ils ont gagné en moelleux et en conservation. Même si on reste d’accord que le meilleur moment pour manger les beignets, c’est quand on vient de les fabriquer et qu’ils sont tièdes et croustillants.
Cette pâte est un peu plus humide que la pâte habituelle de mes autres beignets : plus on hydrate une pâte, et plus elle gagnera en moelleux et en élasticité, en tout cas, jusqu’à un certain stade (après ce stade ça devient plat et ça ne pousse pas correctement) ! C’est donc intéressant de faire des essais en ce sens et de bien pétrir vos pâte levées, puis ensuite de leur laisser le temps de pousser sans une chaleur excessive, à leur rythme.
A peu de choses près on obtient vraiment de bien meilleurs résultats.
Les beignets façon roulés à la cannelle
Pour commencer je redonne l’évidence : les beignets sont cuits dans de la friture, et pas dans un four. Cependant si vous le voulez, vous pouvez aussi bien utiliser ma recette de roulés butternut et cannelle qui sont à se taper le derrière par terre.
Quand nous sommes arrivés dans notre maison, je crois bien qu’un de nos premiers achats a été une friteuse. Après 4 ans en appartement, nous avions vraiment très envie de pouvoir faire des frites sans sentir le gras cuit, et nous avons acheté un modèle basique de chez moulinex, avec un bac amovible qui facilite le nettoyage.
Elle dort paisiblement dans notre garage, où personne ne craint de sentir l’huile de friture. L’avantage est double, souvent les friteuses ont un thermostat pour gérer la température de l’huile, ce qui facilite quand même les choses par rapport à une grande gamelle remplie d’huile.
Au delà d’obtenir une cuisson réussie, on évite surtout un truc vraiment pas glop : atteindre le point de fumée et le développement de particules noires. A ce stade, normalement si on veut éviter de mourir du cancer dans 20 ans en mangeant des frites douteuses plusieurs fois, on jette son huile.
De même, l’huile est à changer régulièrement et doit être filtrées au besoin pour ne pas avoir de petite particules de nourriture dedans.
En bref, les beignets, ça se mérite (surtout quand il faut emmener les bouteilles d’huile à la déchetterie !).
Mais quand on aime les beignets, on sait que tout ça, c’est du pipi de chat.
Le façonnage des roulés est ici assez simple, on prendra simplement garde à ce que le beignet ne s’ouvre pas ni pendant le pousse, ni pendant la cuisson. Pour cela, on appuie bien pour souder puis on n’hésite pas à rouler un peu le boudin sur lui-même.
J’ai choisi volontairement de faire des roulés petits, déjà parce que j’avais fait une seule recette de pâte pour éviter de manger des beignets pendant 3 jours à tous les repas (la vraie vie derrière ce blog), mais aussi parce que tout simplement, je trouve que c’est déjà assez lourd en version classique, pour en prime les manger aussi gros une fois frits !
Libre à vous de les faire plus gros selon vos appétits.
Pour ce qui concerne le glaçage, je suis partie sur du sucre glace façon glaçage à donuts, je trouvais ça cohérent et thématique, mais rien ne vous empêche d’utiliser le glaçage de mes roulés à la cannelle façon fromage frais si vous voulez casser justement ce côté beignets et apporter un peu de fraîcheur.
Beignets cinnamon rolls
Ingrédients
- 15 g levure fraîche ou 7 g de sèche
- 40 g margarine (le plus de matière grasse possible)
- 130 ml lait de soja
- 100 g yaourt de soja
- 50 g sucre en poudre
- 340 g farine de blé t45
- 1/2 c. à café sel fin
- 1 c. à soupe arôme de vanille
- 60 g margarine
- 60 g cassonade
- 2 c. à soupe cannelle en poudre
- 100 g sucre glace
Instructions
- Préparez la pâte à beignet. Dans la cuve de votre batteur ou votre saladier, émiettez la levure fraîche. Si vous utilisez de la levure déshydratée, je vous conseille de bien la choisir : certaines nécessitent d'être réhydratées avant, je trouve ça chiant, alors que d'autres sont à incorporer tel quel à la pâte sans action particulière.Evidemment, si votre sachet vous somme de la réhydrater, préparez la portion de lait de soja de côté et prélevez-en une partie que vous utiliserez avec un peu du sucre pour réveiller la levure (en tiédissant légèrement le lait de soja).
- Ensuite, déposez par dessus la farine, et le reste des ingrédients (en prenant soin de faire fondre la margarine). Le but de cette manœuvre est d'éviter de mettre la levure en contact avec le sucre ou le sel (surtout si la pesée dure longtemps) : au contact du sucre elle se gave et perd de son pouvoir levant, au contact du sel, elle meurt.
- Mélangez un moment, jusqu'à ce que la pâte se décolle des parois, et que vous distinguiez un début de réseau de gluten. L'important est de bien travailler la pâte une dizaine de minutes.
- Laissez ensuite pousser à couvert jusqu'à ce que la pâte double de volume.
- Chassez l'air de la pâte puis de préférence, laissez au frais. Je me répète inlassablement sur la thématique des pâtes levées, mais ça apporte vraiment une texture beaucoup plus légère à la pâte. De plus dans notre cas, la pâte est assez collante tiède alors que beaucoup plus facile à travailler froide.
- Etalez-la finement en un rectangle.
- Faites ramollir la margarine et une fois qu'elle est molle, ajoutez la cassonade et la cannelle puis mélangez pour obtenir comme un gommage (mais que personne n'aurait envie de se tartiner pour ne jamais avoir à le retirer).
- Etalez uniformément sur le rectangle en évitant les bords de pâte et roulez. J'ai choisi de faire des roulés qui avaient pas mal de tours, donc j'ai roulé dans la largueur et pas dans la longueur comme je l'aurais fait habituellement.
- Ensuite, vérifiez que la soudure est bien stable et si besoin collez avec un peu d'eau, puis coupez en tranches de quelques centimètres pour faire des roulés. S'il vous reste des bouts un peu moches, GOOD car c'est toujours utile pour tester la température de l'huile.
- Posez sur une plaque recouverte de papier sulfurisé, et laissez pousser une deuxième fois, pendant de 30 minutes à 1h30 selon la température ambiante, mais aussi celle de votre pâte (sortie du frigo, elle mettra plus de temps à retrouver la pêche !).Elle doit pousser un peu mais pas trop non plus.
- Faites chauffer votre huile.
- Prenez les roulés sur le papier délicatement pour éviter d'écraser la pousse, puis faites frire des deux côtés, pour qu'ils soient bien dorés.
- Egouttez, puis laissez tiédir.
- Mélangez le sucre glace (vous pouvez commencer par 50 grammes de sucre si vous ne voulez pas en mettre trop sur vos beignets), avec un peu d'eau, pour obtenir un rendu épais mais qui s'étale. Allez-y très progressivement avec l'eau, cuillère par cuillère. Si ça devient trop liquide, on peu remettre du sucre glace.
- Glacez à votre convenance et dégustez !
Notes
Pour cette pâte là j’ai utilisé les margarines en plaquettes qu’on trouve en grande surface classique (chez fruit d’or ou planta fin). La quantité de liquide est ici travaillée au batteur. Pour plus de facilité ou si vous travaillez à la main (ce qui complique évidemment le pétrissage des pâtes très hydratées), je vous conseille de vous en tenir à 100 ml de lait de soja.