Dinde briochée farcie

Plus j’avance dans les recettes de fêtes végétales et plus j’aime m’amuser avec tout ce qui fait le sel des repas omni/vegan.
De vos expériences incroyables face à des groupes embouchés, de l’irrespect latent de pas mal de personnes qui passent leur temps à nous taxer de personnes fermées et qui tentent de convaincre tout le monde, j’ai surtout constaté que c’était l’inverse qui se produisait le plus. En 12 ans de végéta*sme, je ne compte plus les fois où on m’a questionnée ou fait des “blagues” lourdes sous couvert de questionner MON choix, dont je ne parle d’ailleurs jamais spontanément. Je ne suis pas en croisade, je mange.
En majeure partie, on a juste envie que personne ne nous fasse chier à table, et ce n’est malheureusement pas si souvent que ça arrive, à moins d’avoir mis les points sur les “i” !
J’ai donc décidé que cette année, c’était le pied de nez aux personnes facilement offusquées par nos modes de vie sans souffrance : la dinde briochée farcie. 100% végétale, sans heurts et délicieuse !
Doudou qui en a eu la primeur, a dit au bout du 4ème repas avec “ben ils en auront de la chance les gens qui mangeront cette dinde !”.

Rappel salutaire : le végétalisme n’est pas une affaire de goûts

D’année en année, je réalise que si certaines questions vis à vis de ma consommation restent “acceptables”, d’autres me tirent irrémédiablement un soupir. Celle mettant en avant la contradiction à être végéta*ien et vouloir des aliments qui ressemblent aux produits animaux est sur la première place de ce podium.
Cette question pense nous mettre en défaut, être hautement philosophique et mettre en évidence notre vrai fond, celui de la passion pour les produits animaux dont on crèverait d’envie, et qu’on mangerait presque en cachette la nuit. Dans le fond, ça sous-entend qu’on adore la viande, alors pourquoi s’en passer si ça nous appelle tant, hein ?
Seulement, pour moi, ça en dit plus sur l’absence totale de compréhension des motivations des végéta*iens.
Pour plein de personnes, arrêter de manger de la viande quand on y prend du plaisir est impensable, et notre seule motivation viendrait logiquement du fait qu’on n’aime pas la viande.
Ca semble être un scoop de s’imaginer qu’on peut renoncer à quelque chose qu’on aime par simple volonté, sur le fil de l’éthique personnelle et dans le but de mettre en avant d’autres intérêts que les siens. De faire passer les animaux devant.
Et dans cette logique, si on aime la viande mais qu’on a décidé d’arrêter, qu’on a eu cette “force”, alors ça semble leur hurler, dans le fond de leurs biais, qu’ils sont coupables de ne pas l’avoir fait alors qu’eux aussi pourraient.
J’ai donc arrêté de me battre : quand je ne dis pas un mot mais qu’on se sent obligé.e de me jeter dans un débat sans mon consentement, je me dis que ça en dit plus sur le malaise de la personne qui commente que sur moi, et je mange ma dinde briochée en paix.

Les biais cognitifs permettent à la majeure partie des omnivores de pouvoir manger de la viande sans trop se questionner sur le plan éthique (bon, et aussi des produits animaux de manière générale, le végétarisme tue aussi les poules et les vaches) : ils masquent la souffrance, rangent les animaux du côté du consommable, se créent des petits arrangements pour les produits comme le foie gras (dont la production est interdite dans beaucoup de pays car pratique jugée trop hardcore).. Les biais sont ce qui permet de commettre des atrocités sans flancher, de ne pas s’auto ranger du côté des monstres.

Je ne leur jette pas la pierre : j’ai vécu dans ces biais jusqu’à mes 22 ans. J’ai mangé de tous les animaux, tous les morceaux, avec plaisir et sans y penser.
Je vois vraiment les biais comme un écran de fumée : quand le vent les a balayés, il ne reste plus que la crue vérité. Selon ses valeurs et son éthique, il nous reste ensuite à l’accepter, ou à changer.
Et entre les deux, il y a aussi le fait de s’attaquer à toutes les personnes qui soufflent sur l’écran de fumée, rien que par leurs choix, parce que ça nous met dans l’inconfort : coucou, c’est nous !

La dinde briochée fourrée : comme un wellington à la brioche

Le Wellington est une des recettes qui vous plaît le plus sur le blog : la farce est facile à faire, c’est un plat bien protéiné, avec des saveurs classiques, et franchement rapide à faire.
Aujourd’hui, ce n’est ni plus, ni moins qu’une sorte de wellington, ou un gros bao géant au four (c’est presque digne des beignets au four, cette histoire), que je vous propose de cuisiner.

Si vous voulez exercer votre maxi niveau de troll, vous pouvez réaliser une forme de dinde : j’ai vu cette idée l’année dernière lors de thanksgiving, qui semble donner une place aux dindes quand même vraiment plus importante que nous ici, en 2023, où on s’en carre finalement un peu d’avoir une dinde à table.
J’ai eu un crush direct : c’était fait en pain au levain, et non garni, mais l’idée était née, et je savais déjà que j’allais la faire cette année. Une dinde farcie, mais sans dinde. Quelle drôle d’idée. Quelle merveilleuse idée.

Si vous n’avezpas particulièrement d’affect pour l’idée de couper une fausse dinde en brioche, vous pouvez très bien ne pas faire les formes des petits ailerons, et faire une simple boule de brioche garnie, que vous pourrez décorer de formes festives comme des flocons, étoiles, sapins …

Le principe est exactement le même que le wellington. On cuisine une farce, on étale la pâte briochée (et promis, c’est plutôt facile à faire !), et on referme. On retourne, on décore, et cette fois, surtout, on laisse pousser de nouveau. Et surtout on ne fait pas comme moi, en oubliant sa dinde-pas-dinde sur le poêle pour la pousse, parce qu’elle aura tendance à s’étaler !

Une farce vegan qui a du goût

Cette farce est très savoureuse et pleine de bonnes choses. Rien de trop coûteux pour autant, et c’est ici que j’aimerais souligner quelque chose d’important : là où on repas festif non vegan coûte UNE FORTUNE, on peut manger végétal et festif en se régalant pour franchement beaucoup moins cher !

Dans cette farce, vous trouverez des lentilles vertes, des marrons, du tofu fumé, des champignons, de l’oignon, des carottes, du céleri branche, et de quoi assaisonner. C’est tout.
Ce sont des ingrédients faciles à trouver (oui oui, même le tofu fumé, parce que les magasins bio maintenant son partout et que c’est une référence extrêmement basique), pour la plupart bon marché, et la recette ne présente pas de technicité si vous respectez bien les étapes. Tout va bien se passer !

Saucer pour bien lier

La farce de ce plat se tient, mais forcément, si vous en mangez sur plusieurs jours comme nous, à force de la réchauffer au four quand les parts sont déjà coupées, vous comprendrez encore plus l’importance d’une sauce généreuse.
La sauce c’est vraiment le liant du plat, et je ne peux que vous encourager à en faire une jolie portion, pour que tout le monde puisse généreusement accompagner ses dinde-pas-dinde.

La farce en elle-même n’est pas sèche en bouche, par contre elle n’est pas HYPER liée, donc quand on la coupe, elle peut se barrer un peu en pistache (c’est comme en cacahuète mais pas pareil). Cependant, comme tout truc farci, je pense que sans sauce, ce serait un peu comme juin sans soleil : pas vraiment complet. Je vous conseille donc de ne pas faire l’impasse !

Enfin, pour en faire un plat bien complet, n’oubliez pas les patates sautées, ou les rostis (qu’on trouve facilement en tout prêt), les haricots verts et les marrons.